Introduit le film documentaire « Ambulance » de Mohamed Jabaly et soulève un point essentiel : la perception inégale des secouristes selon leur géographie. Dans certaines régions du monde, sauver un animal suffit à faire de quelqu’un un héros médiatique, tandis que ceux qui risquent leur vie pour sauver des êtres humains sous les bombes, dans le Sud global ou au Moyen-Orient, sont souvent ignorés — ou pire — qualifiés de « terroristes ». Cette hypocrisie, reflet d’un double standard imposé par les puissances impériales et les marchands de guerre, mérite d’être dénoncée.

Le film « Ambulance » nous plonge dans la guerre de Gaza à l’été 2014, à travers les yeux de Mohamed Jabaly, un jeune réalisateur palestinien de 24 ans. Refusant de « rester à attendre la mort », il rejoint une équipe d’ambulanciers pour documenter l’horreur. Ce témoignage brut et intime montre la réalité des bombardements : bâtiments détruits, corps brisés, regards emplis de douleur. Il filme la peur, la solidarité, l’humanité face au chaos. L’ambulance devient un lieu de résistance.

Le capitaine de l’équipe, Abu Marzouq, est un vétéran des guerres précédentes. Ensemble, ils vivent des moments tragiques, notamment lorsqu’ils interviennent après qu’un missile ait tué quatre garçons de 9 ans sur la plage de Gaza. Plus tard, leur véhicule est lui-même frappé par une bombe, blessant le capitaine et confrontant Jabaly à la peur et à la tentation de fuir.





Les faits rapportés par MSF, le Croissant-Rouge palestinien, ou encore l’ONU corroborent cette réalité : les structures de santé à Gaza sont systématiquement ciblées, en violation flagrante du droit international humanitaire. En mars 2025, l’armée israélienne a tué neuf secouristes du Croissant-Rouge à Rafah, avant d’enterrer leurs corps et véhicules dans une fosse commune. Les autorités israéliennes ont accusé ces ambulanciers de comportements « suspects », prétendant que des « terroristes » se cachaient parmi eux — une affirmation contestée et non étayée.
Le directeur de l’hôpital Kamal Adwan a été arrêté sans preuve, frappé et humilié. L’OMS a réclamé sa libération. Pendant ce temps, les accusations selon lesquelles le Hamas utiliserait les hôpitaux à des fins militaires sont jugées non convaincantes, voire grossièrement exagérées, par des journalistes, Human Rights Watch et un ancien procureur de la Cour pénale internationale.
Ce contexte donne tout son sens à « Ambulance » : un hommage à ces héros oubliés qui sauvent des vies, au péril des leurs, sans aucune reconnaissance. Bien au contraire, ils sont souvent criminalisés. Ce double standard inacceptable — où le Nord glorifie ses sauveteurs et le Sud enterre les siens dans le silence — appelle à une prise de conscience collective.
Des voix s’élèvent pour exiger des enquêtes indépendantes, la fin de l’impunité, et la reconnaissance des violations graves du droit humanitaire. Le film Ambulance ne prend pas parti : il témoigne. Il met en lumière l’humain, là où certains ne voient que des cibles.