PodCast_The Talk – Ciné 4 Palestine https://cine4palestine.ch Thu, 01 May 2025 09:13:49 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://cine4palestine.ch/wp-content/uploads/2025/04/cropped-Club-Cine4Palestine0t-32x32.png PodCast_The Talk – Ciné 4 Palestine https://cine4palestine.ch 32 32 Ambulance – GAZA 2016 https://cine4palestine.ch/ambulance-gaza-2016/ https://cine4palestine.ch/ambulance-gaza-2016/#respond Thu, 01 May 2025 09:08:16 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=2058 Introduit le film documentaire « Ambulance » de Mohamed Jabaly et soulève un point essentiel : la perception inégale des secouristes selon leur géographie. Dans certaines régions du monde, sauver un animal suffit à faire de quelqu’un un héros médiatique, tandis que ceux qui risquent leur vie pour sauver des êtres humains sous les bombes, dans le Sud global ou au Moyen-Orient, sont souvent ignorés — ou pire — qualifiés de « terroristes ». Cette hypocrisie, reflet d’un double standard imposé par les puissances impériales et les marchands de guerre, mérite d’être dénoncée.

Le film « Ambulance » nous plonge dans la guerre de Gaza à l’été 2014, à travers les yeux de Mohamed Jabaly, un jeune réalisateur palestinien de 24 ans. Refusant de « rester à attendre la mort », il rejoint une équipe d’ambulanciers pour documenter l’horreur. Ce témoignage brut et intime montre la réalité des bombardements : bâtiments détruits, corps brisés, regards emplis de douleur. Il filme la peur, la solidarité, l’humanité face au chaos. L’ambulance devient un lieu de résistance.

Le capitaine de l’équipe, Abu Marzouq, est un vétéran des guerres précédentes. Ensemble, ils vivent des moments tragiques, notamment lorsqu’ils interviennent après qu’un missile ait tué quatre garçons de 9 ans sur la plage de Gaza. Plus tard, leur véhicule est lui-même frappé par une bombe, blessant le capitaine et confrontant Jabaly à la peur et à la tentation de fuir.

Les faits rapportés par MSF, le Croissant-Rouge palestinien, ou encore l’ONU corroborent cette réalité : les structures de santé à Gaza sont systématiquement ciblées, en violation flagrante du droit international humanitaire. En mars 2025, l’armée israélienne a tué neuf secouristes du Croissant-Rouge à Rafah, avant d’enterrer leurs corps et véhicules dans une fosse commune. Les autorités israéliennes ont accusé ces ambulanciers de comportements « suspects », prétendant que des « terroristes » se cachaient parmi eux — une affirmation contestée et non étayée.

Le directeur de l’hôpital Kamal Adwan a été arrêté sans preuve, frappé et humilié. L’OMS a réclamé sa libération. Pendant ce temps, les accusations selon lesquelles le Hamas utiliserait les hôpitaux à des fins militaires sont jugées non convaincantes, voire grossièrement exagérées, par des journalistes, Human Rights Watch et un ancien procureur de la Cour pénale internationale.

Ce contexte donne tout son sens à « Ambulance » : un hommage à ces héros oubliés qui sauvent des vies, au péril des leurs, sans aucune reconnaissance. Bien au contraire, ils sont souvent criminalisés. Ce double standard inacceptable — où le Nord glorifie ses sauveteurs et le Sud enterre les siens dans le silence — appelle à une prise de conscience collective.

Des voix s’élèvent pour exiger des enquêtes indépendantes, la fin de l’impunité, et la reconnaissance des violations graves du droit humanitaire. Le film Ambulance ne prend pas parti : il témoigne. Il met en lumière l’humain, là où certains ne voient que des cibles.

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Palestine dans les manuels scolaires israéliens : https://cine4palestine.ch/palestine-dans-les-manuels-scolaires-israeliens/ Mon, 14 Apr 2025 06:17:40 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1943 Palestine dans les manuels scolaires israéliens : radiographie d’une éducation au conflit (Analyse)

Comment des enfants élevés dans des valeurs prétendument humanistes peuvent-ils devenir les acteurs d’une occupation brutale ? C’est la question poignante au cœur de l’enquête menée par Nurit Peled-Elhanan dans son ouvrage incisif : Palestine in Israeli School Books.

Présentation de l’auteur – Une voix israélienne critique au cœur du récit

Nurit Peled-Elhanan est une figure marquante du paysage intellectuel israélien. Professeure de linguistique et d’éducation à l’Université hébraïque de Jérusalem, elle est également une militante engagée pour la paix et les droits humains, co-récipiendaire du Prix Sakharov pour la liberté de pensée en 2001. Tragiquement marquée par la perte de sa fille de 13 ans dans un attentat suicide en 1997, Peled-Elhanan est devenue une critique virulente de l’occupation israélienne. Son intérêt pour l’analyse des manuels scolaires israéliens découle d’une interrogation fondamentale : comment l’éducation contribue-t-elle à former des jeunes Israéliens qui, après avoir reçu une éducation basée sur des valeurs humanistes, se retrouvent à perpétrer des actes de violence et de déshumanisation à l’égard des Palestiniens dans l’armée? Son point de vue, celui d’une universitaire israélienne, confère une pertinence et une force particulière à son analyse.

Résumé du livre – Démontage des mécanismes de l’endoctrinement

Palestine in Israeli School Books dissèque minutieusement les manuels scolaires israéliens utilisés dans les matières d’histoire, de géographie et d’éducation civique. Loin d’être des outils neutres de transmission de connaissances, ces manuels sont présentés par l’auteure comme étant profondément imprégnés d’une idéologie pro-israélienne. L’ouvrage révèle comment ces supports pédagogiques marginalisent systématiquement les Palestiniens, légitiment les actions militaires israéliennes et renforcent une identité territoriale exclusivement judéo-israélienne. À travers l’analyse des images, des cartes, de la mise en page et du langage employé, Peled-Elhanan met en lumière les mécanismes subtils mais puissants par lesquels les enfants israéliens sont préparés, dès leur plus jeune âge, à accepter et même à justifier l’usage de la force contre les Palestiniens. Le livre déconstruit la manière dont l’histoire est réécrite et le présent façonné pour servir un récit national dominant.

Thèmes principaux – Un réseau complexe de récits biaisés

L’analyse de Nurit Peled-Elhanan révèle plusieurs thèmes interconnectés qui structurent le discours véhiculé par les manuels scolaires israéliens :

  • Racisme et déshumanisation : Les Palestiniens sont fréquemment présentés comme des problèmes démographiques ou sécuritaires, voire comme une menace existentielle. Ils sont décrits à travers des catégories stéréotypées (“terroristes”, “primitifs”) et rarement représentés comme des individus avec une vie et une culture propres. Cette absence de représentation humaine favorise leur déshumanisation.
  • Le grand récit sioniste : Les manuels scolaires inculquent une mémoire collective créée par le sionisme, un récit de déclin depuis un âge d’or antique jusqu’à l’exil et l’Holocauste, suivi d’une rédemption par le retour sioniste. Ce récit nie 2000 ans de vie juive en exil et toute vie significative en Palestine durant cette période, présentant le retour comme une reconquête d’une terre “vidée” des “envahisseurs arabes”.
  • Négation de la Nakba : L’expulsion et le déplacement des Palestiniens en 1948 sont soit passés sous silence, soit présentés comme un “vol paniqué” ou un abandon volontaire de leurs terres. La responsabilité israélienne est minimisée, et le droit au retour des réfugiés palestiniens est nié.
  • Légitimation de la violence et de l’occupation : Les actions israéliennes sont généralement présentées comme des réactions légitimes à l’hostilité arabe ou comme des mesures de sécurité nécessaires. Les opérations militaires et les représailles sont justifiées, tandis que la résistance palestinienne est criminalisée.
  • Exclusion et ségrégation : Les citoyens palestiniens d’Israël sont souvent désignés par le terme dévalorisant d'”Arabes israéliens” et leur existence est présentée comme un “problème démographique”. Les cartes omettent les villes arabes en Israël, et les réalités vécues par les Palestiniens sont invisibilisées.
  • Préparation à l’armée : L’éducation israélienne, à travers les manuels et les activités scolaires, semble orientée vers la formation de futurs soldats. L’armée est présentée comme un sommet de l’éducation, et les modèles sont souvent des combattants.

Analyse critique – Un démontage méthodique et révélateur

Le style d’écriture de Nurit Peled-Elhanan, tel qu’il transparaît dans les extraits d’interviews, est accessible et engagé, tout en s’appuyant sur une rigueur académique. La construction de son livre, basée sur l’analyse concrète de manuels scolaires spécifiques (histoire, géographie, éducation civique), confère une ठोसité à son argumentation. La puissance des messages réside dans la confrontation directe entre le discours officiel israélien, tel qu’il est véhiculé aux enfants, et la réalité de l’occupation et du conflit. L’auteure ne se contente pas de décrire, elle dénonce les mécanismes de manipulation et d’endoctrinement à l’œuvre dans le système éducatif. La répétition de certains motifs (l’absence de Palestiniens dans les représentations visuelles, leur désignation systématique comme “problèmes”, la glorification des actions militaires israéliennes) renforce l’impression d’un système bien rodé visant à façonner une vision du monde particulière chez les jeunes Israéliens.

Résonance politique ou historique – Un éclairage essentiel sur le conflit

Ce livre est d’une pertinence politique et historique cruciale pour comprendre la persistance et la complexité du conflit israélo-palestinien. Il met en lumière le rôle fondamental de l’éducation dans la formation des attitudes et des perceptions envers “l’autre”. En révélant comment les manuels scolaires israéliens construisent une narrative partiale et déshumanisante des Palestiniens, Peled-Elhanan offre un éclairage essentiel sur les fondements idéologiques qui sous-tendent les politiques et les actions d’Israël. Son analyse trouve également une résonance plus large dans le contexte des luttes décoloniales, en montrant comment les pouvoirs coloniaux ont historiquement utilisé l’éducation pour marginaliser et déshumaniser les populations autochtones. L’ouvrage soulève des questions fondamentales sur la responsabilité de l’éducation dans la promotion de la justice, de l’empathie et de la compréhension mutuelle, plutôt que dans la perpétuation de l’hostilité et du conflit.

Conclusion personnelle – Un livre nécessaire pour une prise de conscience

Je recommanderais vivement Palestine in Israeli School Books à toute personne intéressée par la Palestine, les dynamiques du conflit israélo-palestinien, les études décoloniales et la littérature engagée. Ce livre est particulièrement pertinent pour les éducateurs, les étudiants en sciences sociales et politiques, les journalistes et tous ceux qui souhaitent comprendre en profondeur les racines idéologiques du conflit. L’analyse rigoureuse et le regard critique de Nurit Peled-Elhanan offrent une perspective essentielle, souvent absente des récits médiatiques dominants. Comprendre comment l’éducation peut être instrumentalisée pour perpétuer l’injustice et la déshumanisation est une étape cruciale vers une prise de conscience et un engagement éclairé pour une paix juste et durable.

Informations pratiques

  • Titre original : Palestine in Israeli School Books: Ideology and Propaganda in Education
  • Auteur : Nurit Peled-Elhanan
  • Année : 2012 / 2013
  • Langue : Anglais
  • Éditeur : Bloomsbury Publishing

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Occupation 101 – The Talk – Podcast https://cine4palestine.ch/occupation-101-the-talk-podcast/ Sun, 13 Apr 2025 21:15:40 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1907 Occupation 101 : Donner une Voix à la Majorité Silencée

Introduction – Dans le paysage médiatique souvent polarisé concernant le conflit israélo-palestinien, le documentaire “Occupation 101 – Voices of the Silenced Majority”, réalisé par les frères Sufyan et Abdallah Omeish et sorti en 2006, se distingue par son approche critique et la mise en lumière de perspectives rarement entendues par le grand public occidental. Ce film s’inscrit dans un contexte de recrudescence des tensions et d’interrogations sur la nature et les conséquences de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Son importance réside dans sa tentative de déconstruire certains récits dominants et d’offrir une plateforme aux voix de chercheurs, de leaders religieux, de travailleurs humanitaires et de représentants d’ONG, dont une majorité de voix juives critiques envers la politique israélienne.

Résumé du film – “Occupation 101” explore en profondeur la réalité de l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, depuis la montée du sionisme jusqu’à la Seconde Intifada et le plan de désengagement de Gaza. À travers une série d’interviews poignantes, le film met en lumière l’impact de cette occupation sur la vie quotidienne des Palestiniens, questionne la nature des relations israélo-américaines et examine les origines historiques et les dynamiques complexes du conflit. Sans concession, il aborde des thèmes sensibles tels que la confiscation de terres, les restrictions de mouvement, la violence et le rôle controversé du soutien américain.

Thèmes abordés – Le film déploie une analyse rigoureuse et multifacette du conflit, articulée autour de plusieurs thèmes centraux :

  • La nature de l’occupation israélienne est définie comme une présence militaire étrangère qui contrôle physiquement la vie des Palestiniens, les privant de citoyenneté et de droits civiques, les soumettant à un régime militaire. La confiscation de terres pour la construction de colonies, qualifiée par certains de “nettoyage ethnique”, est présentée comme une stratégie délibérée. Ces colonies, décrites comme des “implantations armées” stratégiquement situées et connectées par des routes séparant les communautés palestiniennes, sont au cœur du dispositif d’occupation.
  • Le déni des droits des Palestiniens est un autre pilier du film, soulignant leur absence de participation aux décisions politiques et administratives qui affectent leur existence. Les politiques israéliennes sont dénoncées pour entraver la construction palestinienne et confiner les populations dans des zones restreintes. La liberté de mouvement est sévèrement limitée par des checkpoints et des fermetures, entravant l’accès à l’emploi, à la santé et à l’éducation.
  • La violence et la résistance sont analysées en présentant la violence palestinienne comme une réaction à l’oppression et à l’occupation. L’usage excessif de la force par l’armée israélienne contre des civils non armés est documenté. Les attentats suicides palestiniens sont décrits comme des “actes de désespoir” dans un contexte de déséquilibre militaire. Le film critique la perception médiatique occidentale qui essentialise la violence palestinienne, ignorant les causes profondes du conflit.
  • La genèse du conflit est retracée en réfutant le mythe d’une animosité historique millénaire entre Juifs et Arabes. La montée du sionisme et l’idée d’un État juif en Palestine sont identifiées comme le point de départ du conflit. Le film insiste sur le fait que la Palestine était habitée et prospère avant l’arrivée des premiers sionistes. La Déclaration Balfour et la Nakba de 1948, avec l’expulsion et la destruction de villages palestiniens, sont présentées comme des événements fondateurs et traumatisants.
  • Le rôle des États-Unis est fortement critiqué, considérant leur soutien inconditionnel à Israël comme un facteur de la perpétuation de l’occupation. L’influence du lobby pro-israélien, des groupes chrétiens fondamentalistes et le biais des médias américains sont examinés. L’aide financière et militaire massive accordée à Israël est mise en évidence.
  • Le processus d’Oslo est présenté comme une période de détérioration de la situation pour les Palestiniens, malgré les espoirs de paix, avec une expansion continue des colonies. L’Autorité Palestinienne est décrite comme ayant un pouvoir limité.
  • Le mur de séparation est dénoncé comme une nouvelle forme d’oppression, confisquant des terres et entravant la vie des Palestiniens.
  • L’importance du témoignage et de la vérité est soulignée, insistant sur la nécessité de donner une voix aux Palestiniens et de révéler une réalité souvent occultée. Les témoignages poignants, comme celui de la famille de Rachel Corrie, illustrent l’impact humain du conflit.

Analyse cinématographique – “Occupation 101” repose principalement sur une structure d’interviews, offrant une diversité de points de vue, y compris ceux de nombreux universitaires et intellectuels israéliens et américains critiques. Le style visuel est direct, privilégiant les témoignages face caméra et les images d’archives illustrant la situation sur le terrain, notamment les colonies, les checkpoints et les conséquences de la violence. Le rythme est soutenu, alternant entre les analyses expertes et les récits personnels, créant une progression informative et émotionnelle. Le choix narratif de donner la parole à des voix souvent marginalisées permet de construire un contre-récit puissant face aux narrations dominantes. La musique contribue à l’atmosphère du film, soulignant la gravité de la situation.

Réception & impact – “Occupation 101” a connu une réception notable, remportant plusieurs prix dans des festivals de cinéma, témoignant de son impact et de sa pertinence. Il a notamment été récompensé au Festival international du film de Beverly Hills pour le “Golden Palm” et le “Best Editing” en 2007, a reçu l'”Artivist Award” pour le meilleur film documentaire sur les droits humains en 2006, et a été primé dans d’autres festivals tels que le New Orleans International Human Rights Film Festival et le River’s Edge Film Festival. Sa diffusion et les débats qu’il a suscités ont contribué à sensibiliser un public plus large aux réalités de l’occupation et aux perspectives palestiniennes.

Conclusion – Plus de quinze ans après sa sortie, “Occupation 101” reste d’une actualité brûlante et d’une pertinence indéniable. Dans un contexte où l’information sur le conflit israélo-palestinien est souvent filtrée et partiale, ce documentaire offre une perspective essentielle pour comprendre les racines profondes de la situation actuelle et les souffrances endurées par la population palestinienne. En donnant la parole à des témoins directs et à des experts critiques, le film invite à une remise en question des idées reçues et à une prise de conscience de la complexité et de l’injustice de l’occupation. Il rappelle l’urgence d’une solution juste et durable, basée sur le respect des droits humains et la fin de l’occupation, condition préalable à une paix véritable.

Informations pratiques

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From Ground Zero – The Talk Podcast https://cine4palestine.ch/from-ground-zero-the-talk-podcast/ Sun, 13 Apr 2025 20:12:38 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1895 Gaza : “From Ground Zero”, Chroniques de l’Espoir au Cœur du Chaos

Introduction – Au milieu d’un contexte de conflit incessant et de défis humanitaires critiques dans la bande de Gaza, émerge une œuvre cinématographique poignante et nécessaire : “From Ground Zero – Des Histoires Inédites de Gaza Sous le Feu du Génocide”. Initié et produit par le cinéaste palestinien Rashid Masharawi, avec Michael Moore à la production exécutive, ce film d’anthologie rassemble 22 courts-métrages réalisés par 22 cinéastes palestiniens vivant et survivant à Gaza. Dans un contexte où l’accès des journalistes est de plus en plus restreint, ce projet offre une perspective intime et essentielle sur la vie quotidienne à Gaza, loin des gros titres et des statistiques. Sa sélection pour la pré-liste des Oscars 2025 dans la catégorie du Meilleur Film International témoigne de sa puissance et de son importance.

Résumé du film – “From Ground Zero” est une mosaïque de 22 courts-métrages d’une durée de trois à six minutes chacun. Ces instantanés de vie, réalisés par des artistes gazaouis, naviguent entre fiction, documentaire, animation et expérimentation. Ils dépeignent la réalité crue de Gaza sous les bombardements, explorant la mort, le déplacement et la lutte pour la survie. Au-delà de la destruction omniprésente, le film capte également des moments de résilience, d’espoir et de l’ingéniosité des habitants face à l’adversité.

Thèmes abordés – Plusieurs thèmes puissants traversent “From Ground Zero”. L’occupation est le toile de fond inéluctable, imprégnant chaque aspect de la vie quotidienne et engendrant les difficultés représentées. La résistance se manifeste de multiples façons : dans l’acte même de créer de l’art en temps de guerre, dans l’humour et la joie comme actes de défi face aux forces destructrices, et dans la persévérance à maintenir une forme de normalité. La mémoire est un enjeu central, Masharawi ayant conçu le projet pour préserver les expériences et les rêves des Palestiniens de Gaza pendant la guerre. L’exil et le déplacement sont omniprésents, symbolisés par les tentes et la constante recherche de ressources de base. La pénurie d’eau, exacerbée par le blocus et les coupures d’électricité, est un motif récurrent, illustrant une lutte quotidienne pour une ressource vitale. Enfin, l’espoir et la résilience émergent comme des forces tenaces, contrecarrant le désespoir et célébrant la survie. La mer Méditerranée apparaît également comme un symbole d’horizon et d’espoir dans un contexte d’enfermement.

Analyse cinématographique – La structure en anthologie permet une diversité de styles et de perspectives, offrant un portrait kaléidoscopique de Gaza. Les courts-métrages, souvent très courts (3 à 6 minutes), créent un rythme fragmenté qui reflète le caractère morcelé de la vie sous le conflit. De nombreux cinéastes brouillent les frontières entre récit et documentaire, utilisant des témoignages à la première personne et des techniques comme l’animation en stop-motion pour raconter des histoires poignantes. La caméra reste souvent proche des protagonistes, offrant une perspective intime et immersive sur leur quotidien. Les vues aériennes et les plans larges sont rares. La bande sonore est souvent marquée par le bourdonnement angoissant des drones, créant une atmosphère de menace constante. Ces choix narratifs et stylistiques mettent l’accent sur l’expérience humaine directe et l’immédiateté de la situation.

Réception & impact – “From Ground Zero” a été largement salué par la critique. Sur Rotten Tomatoes, il affiche un taux d’approbation de 98%, et Metacritic lui a attribué un score de 83 sur 100, indiquant une “acclamation universelle”. Matt Zoller Seitz de RogerEbert.com a qualifié le film d'”œuvre stupéfiante” et de “l’un des films les plus porteurs d’espoir” qu’il ait jamais vus, soulignant la nécessité de l’art même au milieu de la catastrophe. Le film a été projeté dans de nombreux festivals internationaux, notamment en première mondiale au Amman International Film Festival et au Toronto International Film Festival (TIFF). Bien qu’il n’ait pas été nominé aux Oscars après avoir figuré sur la pré-liste, sa reconnaissance internationale a permis de braquer les projecteurs sur les réalités de Gaza. Des projections ont eu lieu à travers le monde, y compris à l’ONU et dans des cinémas locaux comme le Cinema Rex à Fribourg, témoignant de son impact sur le public. Michael Moore a souligné l’importance de ces “histoires qui ne sont racontées nulle part ailleurs”.

Conclusion “From Ground Zero” est bien plus qu’un simple film ; c’est un témoignage vibrant et essentiel de la résilience humaine face à l’horreur. En donnant la parole directement aux habitants de Gaza, il humanise une réalité souvent réduite à des chiffres et des manchettes. Ce film nous rappelle avec force le pouvoir de l’art comme acte de résistance, de mémoire et d’espoir. Dans un monde où les récits sont souvent filtrés et biaisés, “From Ground Zero” offre une perspective brute et nécessaire, nous invitant à écouter, à comprendre et à ne pas laisser ces voix être réduites au silence. Sa pertinence aujourd’hui est indéniable, car il nous confronte à notre humanité commune et à notre responsabilité de porter attention aux histoires de ceux qui vivent dans des circonstances extrêmes.

Informations pratiques

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No Other Land – The Talk – Podcast https://cine4palestine.ch/no-other-land-the-talk-podcast/ Sun, 13 Apr 2025 18:09:37 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1855 Cine 4 Palestine Podcast : Discussion autour de “No Other Land”

Bienvenue à Cine 4 Palestine, le podcast qui explore le cinéma palestinien et les films qui éclairent la réalité de la Palestine. Aujourd’hui, nous allons plonger au cœur d’un documentaire puissant et essentiel : “No Other Land”.

“No Other Land”, sorti en 2024, est le fruit d’une collaboration unique : un collectif israélo-palestinien de quatre jeunes militants et cinéastes : Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor. Ce film poignant nous emmène à Masafer Yatta, en Cisjordanie occupée, où Basel Adra, un activiste palestinien, filme pendant une demi-décennie la destruction progressive de sa communauté par l’occupation israélienne.

Au fil de son travail de documentation, Basel noue une alliance improbable avec Yuval Abraham, un journaliste israélien qui décide de se joindre à son combat contre l’injustice. Le film explore leur relation complexe, inévitablement marquée par l’inégalité fondamentale de leurs vies sous l’occupation.

“No Other Land” aborde de thèmes cruciaux tels que l’occupation israélienne et son impact dévastateur sur les Palestiniens, la résistance créative face à l’oppression, l’inégalité et ce que certains considèrent comme de l’apartheid, ainsi que la recherche de justice et d’égalité. Le film se présente lui-même comme un “acte de résistance créative à l’Apartheid”.

La reconnaissance internationale de “No Other Land” a été considérable. Il a notamment remporté le Prix du public Panorama et le Prix du meilleur documentaire à la Berlinale 2024, ainsi que l’Oscar du meilleur film documentaire en 2025. Ces récompenses témoignent de la puissance et de l’importance du film.

Cependant, cette reconnaissance n’a pas été sans controverse. Le film a suscité de vives réactions et des appels à la censure en Israël, en Allemagne et aux États-Unis. En Israël, le ministre de la Culture a appelé les institutions culturelles à ne pas diffuser le film, et de fait, il a rencontré des difficultés de distribution dans le pays. Des accusations d’antisémitisme ont également été lancées à l’encontre du film et de l’un de ses réalisateurs, Yuval Abraham.

Plus alarmant encore, l’un des co-réalisateurs palestiniens, Hamdan Ballal, a été attaqué par des colons israéliens armés et détenu par l’armée israélienne peu de temps après avoir remporté l’Oscar. Selon le témoignage de Basel Adra, ils sont “attaqués tous les jours (…) comme une punition pour avoir fait ce film”. Hamdan Ballal lui-même a raconté à Al Jazeera avoir été attaqué en présence de soldats qui ont soutenu les colons et l’ont également menacé. Il a exprimé la crainte que les attaquants aient voulu le tuer.

La réaction initiale de l’Académie des Oscars à cet incident a été jugée insuffisante, ne mentionnant pas nommément Hamdan Ballal ni le film. Face à une vague de protestations, l’Académie a finalement publié des excuses plus explicites, reconnaissant son manquement initial à soutenir pleinement Hamdan Ballal et condamnant la violence.

Ces événements tragiques soulignent la sensibilité et la dangerosité du sujet abordé par “No Other Land” et mettent en lumière la réalité vécue par les Palestiniens sous l’occupation. Le film, malgré les tentatives de censure, continue de témoigner de la force et de la résilience de la communauté de Masafer Yatta et de la quête de justice de ses habitants.

“No Other Land” est plus qu’un simple documentaire ; c’est un appel à la prise de conscience et à la solidarité. Il nous invite à regarder au-delà des récitsDominants et à entendre les voix de ceux qui luttent pour leur existence et leur dignité.

Nous vous encourageons vivement à rechercher et à regarder “No Other Land” afin de vous forger votre propre opinion et de soutenir les efforts de ceux qui cherchent à faire entendre la vérité sur la situation en Palestine.

Merci de nous avoir écoutés sur Cine 4 Palestine. Rendez-vous pour une prochaine discussion sur le cinéma et la Palestine.

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