Ciné https://cine4palestine.ch 4 Palestine Wed, 16 Apr 2025 22:00:07 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8 https://cine4palestine.ch/wp-content/uploads/2025/04/cropped-Club-Cine4Palestine0t-32x32.png Ciné https://cine4palestine.ch 32 32 Palestine dans les manuels scolaires israéliens : https://cine4palestine.ch/palestine-dans-les-manuels-scolaires-israeliens/ Mon, 14 Apr 2025 06:17:40 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1943 Palestine dans les manuels scolaires israéliens : radiographie d’une éducation au conflit (Analyse)

Comment des enfants élevés dans des valeurs prétendument humanistes peuvent-ils devenir les acteurs d’une occupation brutale ? C’est la question poignante au cœur de l’enquête menée par Nurit Peled-Elhanan dans son ouvrage incisif : Palestine in Israeli School Books.

Présentation de l’auteur – Une voix israélienne critique au cœur du récit

Nurit Peled-Elhanan est une figure marquante du paysage intellectuel israélien. Professeure de linguistique et d’éducation à l’Université hébraïque de Jérusalem, elle est également une militante engagée pour la paix et les droits humains, co-récipiendaire du Prix Sakharov pour la liberté de pensée en 2001. Tragiquement marquée par la perte de sa fille de 13 ans dans un attentat suicide en 1997, Peled-Elhanan est devenue une critique virulente de l’occupation israélienne. Son intérêt pour l’analyse des manuels scolaires israéliens découle d’une interrogation fondamentale : comment l’éducation contribue-t-elle à former des jeunes Israéliens qui, après avoir reçu une éducation basée sur des valeurs humanistes, se retrouvent à perpétrer des actes de violence et de déshumanisation à l’égard des Palestiniens dans l’armée? Son point de vue, celui d’une universitaire israélienne, confère une pertinence et une force particulière à son analyse.

Résumé du livre – Démontage des mécanismes de l’endoctrinement

Palestine in Israeli School Books dissèque minutieusement les manuels scolaires israéliens utilisés dans les matières d’histoire, de géographie et d’éducation civique. Loin d’être des outils neutres de transmission de connaissances, ces manuels sont présentés par l’auteure comme étant profondément imprégnés d’une idéologie pro-israélienne. L’ouvrage révèle comment ces supports pédagogiques marginalisent systématiquement les Palestiniens, légitiment les actions militaires israéliennes et renforcent une identité territoriale exclusivement judéo-israélienne. À travers l’analyse des images, des cartes, de la mise en page et du langage employé, Peled-Elhanan met en lumière les mécanismes subtils mais puissants par lesquels les enfants israéliens sont préparés, dès leur plus jeune âge, à accepter et même à justifier l’usage de la force contre les Palestiniens. Le livre déconstruit la manière dont l’histoire est réécrite et le présent façonné pour servir un récit national dominant.

Thèmes principaux – Un réseau complexe de récits biaisés

L’analyse de Nurit Peled-Elhanan révèle plusieurs thèmes interconnectés qui structurent le discours véhiculé par les manuels scolaires israéliens :

  • Racisme et déshumanisation : Les Palestiniens sont fréquemment présentés comme des problèmes démographiques ou sécuritaires, voire comme une menace existentielle. Ils sont décrits à travers des catégories stéréotypées (“terroristes”, “primitifs”) et rarement représentés comme des individus avec une vie et une culture propres. Cette absence de représentation humaine favorise leur déshumanisation.
  • Le grand récit sioniste : Les manuels scolaires inculquent une mémoire collective créée par le sionisme, un récit de déclin depuis un âge d’or antique jusqu’à l’exil et l’Holocauste, suivi d’une rédemption par le retour sioniste. Ce récit nie 2000 ans de vie juive en exil et toute vie significative en Palestine durant cette période, présentant le retour comme une reconquête d’une terre “vidée” des “envahisseurs arabes”.
  • Négation de la Nakba : L’expulsion et le déplacement des Palestiniens en 1948 sont soit passés sous silence, soit présentés comme un “vol paniqué” ou un abandon volontaire de leurs terres. La responsabilité israélienne est minimisée, et le droit au retour des réfugiés palestiniens est nié.
  • Légitimation de la violence et de l’occupation : Les actions israéliennes sont généralement présentées comme des réactions légitimes à l’hostilité arabe ou comme des mesures de sécurité nécessaires. Les opérations militaires et les représailles sont justifiées, tandis que la résistance palestinienne est criminalisée.
  • Exclusion et ségrégation : Les citoyens palestiniens d’Israël sont souvent désignés par le terme dévalorisant d'”Arabes israéliens” et leur existence est présentée comme un “problème démographique”. Les cartes omettent les villes arabes en Israël, et les réalités vécues par les Palestiniens sont invisibilisées.
  • Préparation à l’armée : L’éducation israélienne, à travers les manuels et les activités scolaires, semble orientée vers la formation de futurs soldats. L’armée est présentée comme un sommet de l’éducation, et les modèles sont souvent des combattants.

Analyse critique – Un démontage méthodique et révélateur

Le style d’écriture de Nurit Peled-Elhanan, tel qu’il transparaît dans les extraits d’interviews, est accessible et engagé, tout en s’appuyant sur une rigueur académique. La construction de son livre, basée sur l’analyse concrète de manuels scolaires spécifiques (histoire, géographie, éducation civique), confère une ठोसité à son argumentation. La puissance des messages réside dans la confrontation directe entre le discours officiel israélien, tel qu’il est véhiculé aux enfants, et la réalité de l’occupation et du conflit. L’auteure ne se contente pas de décrire, elle dénonce les mécanismes de manipulation et d’endoctrinement à l’œuvre dans le système éducatif. La répétition de certains motifs (l’absence de Palestiniens dans les représentations visuelles, leur désignation systématique comme “problèmes”, la glorification des actions militaires israéliennes) renforce l’impression d’un système bien rodé visant à façonner une vision du monde particulière chez les jeunes Israéliens.

Résonance politique ou historique – Un éclairage essentiel sur le conflit

Ce livre est d’une pertinence politique et historique cruciale pour comprendre la persistance et la complexité du conflit israélo-palestinien. Il met en lumière le rôle fondamental de l’éducation dans la formation des attitudes et des perceptions envers “l’autre”. En révélant comment les manuels scolaires israéliens construisent une narrative partiale et déshumanisante des Palestiniens, Peled-Elhanan offre un éclairage essentiel sur les fondements idéologiques qui sous-tendent les politiques et les actions d’Israël. Son analyse trouve également une résonance plus large dans le contexte des luttes décoloniales, en montrant comment les pouvoirs coloniaux ont historiquement utilisé l’éducation pour marginaliser et déshumaniser les populations autochtones. L’ouvrage soulève des questions fondamentales sur la responsabilité de l’éducation dans la promotion de la justice, de l’empathie et de la compréhension mutuelle, plutôt que dans la perpétuation de l’hostilité et du conflit.

Conclusion personnelle – Un livre nécessaire pour une prise de conscience

Je recommanderais vivement Palestine in Israeli School Books à toute personne intéressée par la Palestine, les dynamiques du conflit israélo-palestinien, les études décoloniales et la littérature engagée. Ce livre est particulièrement pertinent pour les éducateurs, les étudiants en sciences sociales et politiques, les journalistes et tous ceux qui souhaitent comprendre en profondeur les racines idéologiques du conflit. L’analyse rigoureuse et le regard critique de Nurit Peled-Elhanan offrent une perspective essentielle, souvent absente des récits médiatiques dominants. Comprendre comment l’éducation peut être instrumentalisée pour perpétuer l’injustice et la déshumanisation est une étape cruciale vers une prise de conscience et un engagement éclairé pour une paix juste et durable.

Informations pratiques

  • Titre original : Palestine in Israeli School Books: Ideology and Propaganda in Education
  • Auteur : Nurit Peled-Elhanan
  • Année : 2012 / 2013
  • Langue : Anglais
  • Éditeur : Bloomsbury Publishing

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Occupation 101 – The Talk – Podcast https://cine4palestine.ch/occupation-101-the-talk-podcast/ Sun, 13 Apr 2025 21:15:40 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1907 Occupation 101 : Donner une Voix à la Majorité Silencée

Introduction – Dans le paysage médiatique souvent polarisé concernant le conflit israélo-palestinien, le documentaire “Occupation 101 – Voices of the Silenced Majority”, réalisé par les frères Sufyan et Abdallah Omeish et sorti en 2006, se distingue par son approche critique et la mise en lumière de perspectives rarement entendues par le grand public occidental. Ce film s’inscrit dans un contexte de recrudescence des tensions et d’interrogations sur la nature et les conséquences de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Son importance réside dans sa tentative de déconstruire certains récits dominants et d’offrir une plateforme aux voix de chercheurs, de leaders religieux, de travailleurs humanitaires et de représentants d’ONG, dont une majorité de voix juives critiques envers la politique israélienne.

Résumé du film – “Occupation 101” explore en profondeur la réalité de l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, depuis la montée du sionisme jusqu’à la Seconde Intifada et le plan de désengagement de Gaza. À travers une série d’interviews poignantes, le film met en lumière l’impact de cette occupation sur la vie quotidienne des Palestiniens, questionne la nature des relations israélo-américaines et examine les origines historiques et les dynamiques complexes du conflit. Sans concession, il aborde des thèmes sensibles tels que la confiscation de terres, les restrictions de mouvement, la violence et le rôle controversé du soutien américain.

Thèmes abordés – Le film déploie une analyse rigoureuse et multifacette du conflit, articulée autour de plusieurs thèmes centraux :

  • La nature de l’occupation israélienne est définie comme une présence militaire étrangère qui contrôle physiquement la vie des Palestiniens, les privant de citoyenneté et de droits civiques, les soumettant à un régime militaire. La confiscation de terres pour la construction de colonies, qualifiée par certains de “nettoyage ethnique”, est présentée comme une stratégie délibérée. Ces colonies, décrites comme des “implantations armées” stratégiquement situées et connectées par des routes séparant les communautés palestiniennes, sont au cœur du dispositif d’occupation.
  • Le déni des droits des Palestiniens est un autre pilier du film, soulignant leur absence de participation aux décisions politiques et administratives qui affectent leur existence. Les politiques israéliennes sont dénoncées pour entraver la construction palestinienne et confiner les populations dans des zones restreintes. La liberté de mouvement est sévèrement limitée par des checkpoints et des fermetures, entravant l’accès à l’emploi, à la santé et à l’éducation.
  • La violence et la résistance sont analysées en présentant la violence palestinienne comme une réaction à l’oppression et à l’occupation. L’usage excessif de la force par l’armée israélienne contre des civils non armés est documenté. Les attentats suicides palestiniens sont décrits comme des “actes de désespoir” dans un contexte de déséquilibre militaire. Le film critique la perception médiatique occidentale qui essentialise la violence palestinienne, ignorant les causes profondes du conflit.
  • La genèse du conflit est retracée en réfutant le mythe d’une animosité historique millénaire entre Juifs et Arabes. La montée du sionisme et l’idée d’un État juif en Palestine sont identifiées comme le point de départ du conflit. Le film insiste sur le fait que la Palestine était habitée et prospère avant l’arrivée des premiers sionistes. La Déclaration Balfour et la Nakba de 1948, avec l’expulsion et la destruction de villages palestiniens, sont présentées comme des événements fondateurs et traumatisants.
  • Le rôle des États-Unis est fortement critiqué, considérant leur soutien inconditionnel à Israël comme un facteur de la perpétuation de l’occupation. L’influence du lobby pro-israélien, des groupes chrétiens fondamentalistes et le biais des médias américains sont examinés. L’aide financière et militaire massive accordée à Israël est mise en évidence.
  • Le processus d’Oslo est présenté comme une période de détérioration de la situation pour les Palestiniens, malgré les espoirs de paix, avec une expansion continue des colonies. L’Autorité Palestinienne est décrite comme ayant un pouvoir limité.
  • Le mur de séparation est dénoncé comme une nouvelle forme d’oppression, confisquant des terres et entravant la vie des Palestiniens.
  • L’importance du témoignage et de la vérité est soulignée, insistant sur la nécessité de donner une voix aux Palestiniens et de révéler une réalité souvent occultée. Les témoignages poignants, comme celui de la famille de Rachel Corrie, illustrent l’impact humain du conflit.

Analyse cinématographique – “Occupation 101” repose principalement sur une structure d’interviews, offrant une diversité de points de vue, y compris ceux de nombreux universitaires et intellectuels israéliens et américains critiques. Le style visuel est direct, privilégiant les témoignages face caméra et les images d’archives illustrant la situation sur le terrain, notamment les colonies, les checkpoints et les conséquences de la violence. Le rythme est soutenu, alternant entre les analyses expertes et les récits personnels, créant une progression informative et émotionnelle. Le choix narratif de donner la parole à des voix souvent marginalisées permet de construire un contre-récit puissant face aux narrations dominantes. La musique contribue à l’atmosphère du film, soulignant la gravité de la situation.

Réception & impact – “Occupation 101” a connu une réception notable, remportant plusieurs prix dans des festivals de cinéma, témoignant de son impact et de sa pertinence. Il a notamment été récompensé au Festival international du film de Beverly Hills pour le “Golden Palm” et le “Best Editing” en 2007, a reçu l'”Artivist Award” pour le meilleur film documentaire sur les droits humains en 2006, et a été primé dans d’autres festivals tels que le New Orleans International Human Rights Film Festival et le River’s Edge Film Festival. Sa diffusion et les débats qu’il a suscités ont contribué à sensibiliser un public plus large aux réalités de l’occupation et aux perspectives palestiniennes.

Conclusion – Plus de quinze ans après sa sortie, “Occupation 101” reste d’une actualité brûlante et d’une pertinence indéniable. Dans un contexte où l’information sur le conflit israélo-palestinien est souvent filtrée et partiale, ce documentaire offre une perspective essentielle pour comprendre les racines profondes de la situation actuelle et les souffrances endurées par la population palestinienne. En donnant la parole à des témoins directs et à des experts critiques, le film invite à une remise en question des idées reçues et à une prise de conscience de la complexité et de l’injustice de l’occupation. Il rappelle l’urgence d’une solution juste et durable, basée sur le respect des droits humains et la fin de l’occupation, condition préalable à une paix véritable.

Informations pratiques

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From Ground Zero – The Talk Podcast https://cine4palestine.ch/from-ground-zero-the-talk-podcast/ Sun, 13 Apr 2025 20:12:38 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1895 Gaza : “From Ground Zero”, Chroniques de l’Espoir au Cœur du Chaos

Introduction – Au milieu d’un contexte de conflit incessant et de défis humanitaires critiques dans la bande de Gaza, émerge une œuvre cinématographique poignante et nécessaire : “From Ground Zero – Des Histoires Inédites de Gaza Sous le Feu du Génocide”. Initié et produit par le cinéaste palestinien Rashid Masharawi, avec Michael Moore à la production exécutive, ce film d’anthologie rassemble 22 courts-métrages réalisés par 22 cinéastes palestiniens vivant et survivant à Gaza. Dans un contexte où l’accès des journalistes est de plus en plus restreint, ce projet offre une perspective intime et essentielle sur la vie quotidienne à Gaza, loin des gros titres et des statistiques. Sa sélection pour la pré-liste des Oscars 2025 dans la catégorie du Meilleur Film International témoigne de sa puissance et de son importance.

Résumé du film – “From Ground Zero” est une mosaïque de 22 courts-métrages d’une durée de trois à six minutes chacun. Ces instantanés de vie, réalisés par des artistes gazaouis, naviguent entre fiction, documentaire, animation et expérimentation. Ils dépeignent la réalité crue de Gaza sous les bombardements, explorant la mort, le déplacement et la lutte pour la survie. Au-delà de la destruction omniprésente, le film capte également des moments de résilience, d’espoir et de l’ingéniosité des habitants face à l’adversité.

Thèmes abordés – Plusieurs thèmes puissants traversent “From Ground Zero”. L’occupation est le toile de fond inéluctable, imprégnant chaque aspect de la vie quotidienne et engendrant les difficultés représentées. La résistance se manifeste de multiples façons : dans l’acte même de créer de l’art en temps de guerre, dans l’humour et la joie comme actes de défi face aux forces destructrices, et dans la persévérance à maintenir une forme de normalité. La mémoire est un enjeu central, Masharawi ayant conçu le projet pour préserver les expériences et les rêves des Palestiniens de Gaza pendant la guerre. L’exil et le déplacement sont omniprésents, symbolisés par les tentes et la constante recherche de ressources de base. La pénurie d’eau, exacerbée par le blocus et les coupures d’électricité, est un motif récurrent, illustrant une lutte quotidienne pour une ressource vitale. Enfin, l’espoir et la résilience émergent comme des forces tenaces, contrecarrant le désespoir et célébrant la survie. La mer Méditerranée apparaît également comme un symbole d’horizon et d’espoir dans un contexte d’enfermement.

Analyse cinématographique – La structure en anthologie permet une diversité de styles et de perspectives, offrant un portrait kaléidoscopique de Gaza. Les courts-métrages, souvent très courts (3 à 6 minutes), créent un rythme fragmenté qui reflète le caractère morcelé de la vie sous le conflit. De nombreux cinéastes brouillent les frontières entre récit et documentaire, utilisant des témoignages à la première personne et des techniques comme l’animation en stop-motion pour raconter des histoires poignantes. La caméra reste souvent proche des protagonistes, offrant une perspective intime et immersive sur leur quotidien. Les vues aériennes et les plans larges sont rares. La bande sonore est souvent marquée par le bourdonnement angoissant des drones, créant une atmosphère de menace constante. Ces choix narratifs et stylistiques mettent l’accent sur l’expérience humaine directe et l’immédiateté de la situation.

Réception & impact – “From Ground Zero” a été largement salué par la critique. Sur Rotten Tomatoes, il affiche un taux d’approbation de 98%, et Metacritic lui a attribué un score de 83 sur 100, indiquant une “acclamation universelle”. Matt Zoller Seitz de RogerEbert.com a qualifié le film d'”œuvre stupéfiante” et de “l’un des films les plus porteurs d’espoir” qu’il ait jamais vus, soulignant la nécessité de l’art même au milieu de la catastrophe. Le film a été projeté dans de nombreux festivals internationaux, notamment en première mondiale au Amman International Film Festival et au Toronto International Film Festival (TIFF). Bien qu’il n’ait pas été nominé aux Oscars après avoir figuré sur la pré-liste, sa reconnaissance internationale a permis de braquer les projecteurs sur les réalités de Gaza. Des projections ont eu lieu à travers le monde, y compris à l’ONU et dans des cinémas locaux comme le Cinema Rex à Fribourg, témoignant de son impact sur le public. Michael Moore a souligné l’importance de ces “histoires qui ne sont racontées nulle part ailleurs”.

Conclusion “From Ground Zero” est bien plus qu’un simple film ; c’est un témoignage vibrant et essentiel de la résilience humaine face à l’horreur. En donnant la parole directement aux habitants de Gaza, il humanise une réalité souvent réduite à des chiffres et des manchettes. Ce film nous rappelle avec force le pouvoir de l’art comme acte de résistance, de mémoire et d’espoir. Dans un monde où les récits sont souvent filtrés et biaisés, “From Ground Zero” offre une perspective brute et nécessaire, nous invitant à écouter, à comprendre et à ne pas laisser ces voix être réduites au silence. Sa pertinence aujourd’hui est indéniable, car il nous confronte à notre humanité commune et à notre responsabilité de porter attention aux histoires de ceux qui vivent dans des circonstances extrêmes.

Informations pratiques

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No Other Land – The Talk – Podcast https://cine4palestine.ch/no-other-land-the-talk-podcast/ Sun, 13 Apr 2025 18:09:37 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1855 Cine 4 Palestine Podcast : Discussion autour de “No Other Land”

Bienvenue à Cine 4 Palestine, le podcast qui explore le cinéma palestinien et les films qui éclairent la réalité de la Palestine. Aujourd’hui, nous allons plonger au cœur d’un documentaire puissant et essentiel : “No Other Land”.

“No Other Land”, sorti en 2024, est le fruit d’une collaboration unique : un collectif israélo-palestinien de quatre jeunes militants et cinéastes : Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor. Ce film poignant nous emmène à Masafer Yatta, en Cisjordanie occupée, où Basel Adra, un activiste palestinien, filme pendant une demi-décennie la destruction progressive de sa communauté par l’occupation israélienne.

Au fil de son travail de documentation, Basel noue une alliance improbable avec Yuval Abraham, un journaliste israélien qui décide de se joindre à son combat contre l’injustice. Le film explore leur relation complexe, inévitablement marquée par l’inégalité fondamentale de leurs vies sous l’occupation.

“No Other Land” aborde de thèmes cruciaux tels que l’occupation israélienne et son impact dévastateur sur les Palestiniens, la résistance créative face à l’oppression, l’inégalité et ce que certains considèrent comme de l’apartheid, ainsi que la recherche de justice et d’égalité. Le film se présente lui-même comme un “acte de résistance créative à l’Apartheid”.

La reconnaissance internationale de “No Other Land” a été considérable. Il a notamment remporté le Prix du public Panorama et le Prix du meilleur documentaire à la Berlinale 2024, ainsi que l’Oscar du meilleur film documentaire en 2025. Ces récompenses témoignent de la puissance et de l’importance du film.

Cependant, cette reconnaissance n’a pas été sans controverse. Le film a suscité de vives réactions et des appels à la censure en Israël, en Allemagne et aux États-Unis. En Israël, le ministre de la Culture a appelé les institutions culturelles à ne pas diffuser le film, et de fait, il a rencontré des difficultés de distribution dans le pays. Des accusations d’antisémitisme ont également été lancées à l’encontre du film et de l’un de ses réalisateurs, Yuval Abraham.

Plus alarmant encore, l’un des co-réalisateurs palestiniens, Hamdan Ballal, a été attaqué par des colons israéliens armés et détenu par l’armée israélienne peu de temps après avoir remporté l’Oscar. Selon le témoignage de Basel Adra, ils sont “attaqués tous les jours (…) comme une punition pour avoir fait ce film”. Hamdan Ballal lui-même a raconté à Al Jazeera avoir été attaqué en présence de soldats qui ont soutenu les colons et l’ont également menacé. Il a exprimé la crainte que les attaquants aient voulu le tuer.

La réaction initiale de l’Académie des Oscars à cet incident a été jugée insuffisante, ne mentionnant pas nommément Hamdan Ballal ni le film. Face à une vague de protestations, l’Académie a finalement publié des excuses plus explicites, reconnaissant son manquement initial à soutenir pleinement Hamdan Ballal et condamnant la violence.

Ces événements tragiques soulignent la sensibilité et la dangerosité du sujet abordé par “No Other Land” et mettent en lumière la réalité vécue par les Palestiniens sous l’occupation. Le film, malgré les tentatives de censure, continue de témoigner de la force et de la résilience de la communauté de Masafer Yatta et de la quête de justice de ses habitants.

“No Other Land” est plus qu’un simple documentaire ; c’est un appel à la prise de conscience et à la solidarité. Il nous invite à regarder au-delà des récitsDominants et à entendre les voix de ceux qui luttent pour leur existence et leur dignité.

Nous vous encourageons vivement à rechercher et à regarder “No Other Land” afin de vous forger votre propre opinion et de soutenir les efforts de ceux qui cherchent à faire entendre la vérité sur la situation en Palestine.

Merci de nous avoir écoutés sur Cine 4 Palestine. Rendez-vous pour une prochaine discussion sur le cinéma et la Palestine.

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Dix Mythes sur Israël : La Démolition Nécessaire d’un Récit Dominant https://cine4palestine.ch/how-to-find-your-own-style/ https://cine4palestine.ch/how-to-find-your-own-style/#comments Wed, 28 Sep 2016 12:39:12 +0000 http://jewelry-store.dv.themerex.net/?p=107 Présentation de l’auteur – courte biographie, contexte et point de vue

Ilan Pappé est un historien israélien né en 1954. Il a été maître de conférences au département d’histoire du Moyen-Orient et au département de sciences politiques de l’université de Haïfa de 1984 à 2006. En 2007, il a quitté Israël pour prendre un poste de professeur d’histoire à l’université d’Exeter, où il est également directeur du Centre européen d’études palestiniennes depuis 2009. Pappé est connu pour son approche critique de l’histoire d’Israël et du conflit israélo-palestinien. Il soutient une solution à un seul État, prônant un État unitaire pour les Palestiniens et les Israéliens. En tant que critique d’Israël, il a appelé au boycott international des universitaires israéliens. Ses opinions et ses convictions ont rendu sa vie en Israël “de plus en plus difficile”, l’amenant à s’installer au Royaume-Uni. Son travail s’inscrit dans le courant des “nouveaux historiens” israéliens, qui remettent en question les récits historiques traditionnels d’Israël.

Résumé du livre – 5 à 7 lignes maximum, sans tout dévoiler

Dans Dix Mythes sur Israël, Ilan Pappé déconstruit dix narrations fondatrices qui sous-tendent la compréhension dominante de l’histoire et de la politique israéliennes. Le livre examine les mythes passés, comme celui d’une Palestine vide ou du départ volontaire des Palestiniens en 1948, et les mythes présents, tels que celui d’Israël comme seule démocratie du Moyen-Orient ou de l’échec du processus d’Oslo. Pappé, à travers une analyse historique rigoureuse, offre des contre-arguments basés sur les recherches les plus récentes, visant à redresser le déséquilibre de pouvoir narratif en faveur des Palestiniens. Il remet en question la vision d’un conflit inévitable et propose une réflexion sur des solutions alternatives au statu quo.

Thèmes principaux – exil, occupation, résistance, mémoire, etc.

Les thèmes principaux abordés dans Dix Mythes sur Israël incluent :

  • La mémoire et l’historiographie : Le livre explore comment certains récits historiques sont construits, maintenus et utilisés pour justifier des actions politiques. Il met en lumière la manipulation de l’histoire et le rôle des mythes dans la formation de la conscience collective israélienne et de la perception internationale du conflit.
  • La décolonisation et le colonialisme de peuplement : Pappé cadre le projet sioniste comme un projet colonial de peuplement, comparable à ceux observés en Afrique du Sud, dans les Amériques et en Australie. Ce prisme permet de comprendre la résistance palestinienne non pas comme du terrorisme, mais comme une lutte anticoloniale légitime.
  • L’exil et le déplacement : Le mythe du départ volontaire des Palestiniens en 1948 est un point central. Pappé s’appuie sur l’historiographie pour démontrer que cet exode, connu sous le nom de Nakba, était une forme de nettoyage ethnique. La question du droit au retour des réfugiés palestiniens est donc intrinsèquement liée à la déconstruction de ce mythe.
  • L’occupation et la démocratie : Le livre questionne la qualification d’Israël comme seule démocratie du Moyen-Orient. Pappé examine le statut des Palestiniens à l’intérieur d’Israël et dans les territoires occupés, soulignant les discriminations et le régime juridique distinct. Le concept d’ethnocratie est évoqué pour décrire le régime israélien.
  • La résistance : En présentant le conflit comme une lutte contre un projet colonial, Pappé légitime la résistance palestinienne sous diverses formes. Il remet en question la désignation systématique des organisations palestiniennes comme “terroristes”.
  • Les solutions politiques : Le livre critique le mythe de la solution à deux États comme seule voie possible. Pappé ouvre la discussion à des alternatives, comme une solution à un seul État, en s’appuyant sur des travaux d’activistes et d’universitaires.

Analyse critique – style d’écriture, construction, puissance des messages

Le style d’écriture de Pappé est accessible et direct. Il s’adresse à un public large, qu’il soit novice ou familier avec la question israélo-palestinienne. La construction du livre, organisée autour de la démolition méthodique de chaque mythe, rend l’argumentation claire et percutante. Chaque chapitre juxtapose l’”hypothèse populaire” à la “réalité historique”, s’appuyant sur une analyse du “dossier historique”.

La puissance des messages réside dans la remise en question radicale des fondements narratifs du conflit. En exposant les “faiblesses de la sagesse reçue” à travers l’examen des recherches historiques récentes, Pappé déconstruit des vérités apparemment indiscutables. Son point de vue engagé est clairement assumé, le livre se présentant comme une tentative de “redresser le déséquilibre de pouvoir en faveur des Palestiniens colonisés, occupés et opprimés”.

Cependant, il est important de noter que l’approche de Pappé a suscité des critiques. Certains, comme l’historien Adam Raz, ont critiqué son travail pour sa “négligence, ses manipulations et ses nombreuses erreurs”, remettant en question la rigueur de sa recherche et l’accusant de “lecture sélective” des sources. D’autres, comme Benny Morris, ont qualifié son travail de “politique par d’autres moyens” et ont contesté ses interprétations des événements de 1948. Malgré ces critiques, le livre reste une contribution significative au débat, offrant une perspective alternative et incitant à un examen plus approfondi des récits historiques dominants.

Résonance politique ou historique – pourquoi ce livre est pertinent pour le contexte palestinien et mondial

Dix Mythes sur Israël est particulièrement pertinent pour le contexte palestinien car il offre une contre-narration puissante aux récits israéliens traditionnels qui ont souvent marginalisé ou nié l’expérience palestinienne. En déconstruisant les mythes justifiant la création et les actions d’Israël, le livre renforce la légitimité de la lutte palestinienne pour la justice et l’autodétermination. Il met en lumière les conséquences de la Nakba et de l’occupation continue, rappelant l’urgence de trouver une solution équitable.

Au niveau mondial, le livre résonne avec les luttes décoloniales plus larges. La qualification du sionisme comme colonialisme de peuplement établit un parallèle avec d’autres contextes historiques et contemporains de dépossession et de résistance. En exposant les mécanismes par lesquels les mythes historiques peuvent perpétuer l’injustice et maintenir le statu quo, le livre invite à une réflexion critique sur les récits de pouvoir et leur impact sur les conflits à travers le monde. Il souligne la nécessité de “porter fièrement son engagement” dans la recherche académique face aux enjeux contemporains.

Conclusion – à qui recommander ce livre et pourquoi

Je recommanderais vivement Dix Mythes sur Israël à toute personne intéressée par une compréhension plus profonde et nuancée du conflit israélo-palestinien. Ce livre est essentiel pour ceux qui souhaitent remettre en question les récits médiatiques et politiques dominants et explorer les perspectives alternatives, en particulier celles du peuple palestinien. Il est également pertinent pour les lecteurs intéressés par les études décoloniales et la manière dont l’histoire est utilisée pour légitimer des projets politiques.

Bien que l’approche de Pappé soit controversée et ait suscité des critiques, la lecture de ce livre est précieuse pour stimuler la pensée critique et encourager un dialogue informé sur un conflit complexe et douloureux. Il offre un “point d’entrée” accessible dans un monde de connaissances souvent complexe et invite à “clarifier certaines des profondes incompréhensions au cœur du problème israélo-palestinien”.

Informations pratiques

  • Titre original : Ten Myths About Israel
  • Auteur : Ilan Pappé
  • Année de publication : 2017
  • Langue originale : Anglais
  • Éditeur : Verso Books
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The 100 Years War on Palestine https://cine4palestine.ch/style-is-my-thing/ Sat, 18 Jun 2016 11:04:27 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1081 ✍ Un Siècle de Guerre Contre la Palestine : Quand l’Histoire Dévoile une Colonisation Sans Relâche

Rashid Khalidi, figure éminente de l’histoire du Moyen-Orient et professeur émérite à Columbia University, nous livre avec The Hundred Years’ War on Palestine: A History of Settler Colonialism and Resistance, 1917–2017, une œuvre magistrale et profondément personnelle. Historien palestino-américain, ayant lui-même été conseiller auprès de la délégation palestinienne lors des négociations de paix israélo-arabes, Khalidi conjugue rigueur académique et engagement intime avec son sujet. Son point de vue, clairement ancré dans une analyse du conflit comme une entreprise de colonialisme de peuplement, est éclairé par l’histoire de sa propre famille et par un accès privilégié à des archives.

 

 

Dans cet ouvrage percutant, Khalidi retrace un siècle de conflit en Palestine, non pas comme une simple lutte entre deux peuples, mais comme une guerre menée par le mouvement sioniste et les grandes puissances contre le peuple palestinien. Structurant son récit autour de six “déclarations de guerre”, depuis la Déclaration Balfour jusqu’aux guerres de Gaza, il met en lumière la dépossession continue des Palestiniens et leur résistance ininterrompue face à cette entreprise coloniale.

Les thèmes principaux qui traversent ce livre essentiel sont multiples et interconnectés :

  • L’exil et la dépossession : Dès la Nakba de 1948 et à travers les conflits successifs, l’expulsion et le déplacement des Palestiniens de leurs terres ancestrales sont présentés comme une composante fondamentale du projet sioniste.
  • L’occupation : Le livre analyse en profondeur les différentes phases de l’occupation militaire israélienne et son impact dévastateur sur la vie quotidienne des Palestiniens.
  • La résistance : Khalidi explore les multiples formes de résistance palestinienne, qu’elle soit pacifique et légaliste dans les premières décennies, armée lors de révoltes et d’intifadas, diplomatique par l’OLP, ou encore la “sumud”, cette persévérance silencieuse sur leur terre. Il met en lumière les succès relatifs de certaines de ces formes de résistance, notamment la Première Intifada.
  • La mémoire et le récit : L’auteur souligne l’importance cruciale de raconter l’histoire palestinienne du point de vue des Palestiniens eux-mêmes, défiant les récits dominants et souvent biaisés.
  • Le colonialisme de peuplement : Khalidi inscrit fermement le conflit israélo-palestinien dans le cadre théorique du colonialisme de peuplement, caractérisé par une volonté d’établir une nouvelle société sur une terre indigène par le déplacement de sa population.
  • Le rôle des puissances extérieures : L’implication et les intérêts des puissances internationales, notamment la Grande-Bretagne et les États-Unis, sont analysés comme des facteurs déterminants dans le déroulement du conflit et la marginalisation des Palestiniens.
  • Les faiblesses et les divisions internes : L’auteur n’hésite pas à souligner les erreurs stratégiques et les divisions au sein du leadership palestinien qui ont entravé la réalisation de leurs aspirations nationales.

L’analyse critique de Khalidi se distingue par un style d’écriture à la fois informé et passionné, combinant rigueur historique et une narration accessible. La construction du livre autour des six “guerres” offre une structure claire et percutante, permettant de saisir la continuité de la violence et de la dépossession. L’entrelacement d’anecdotes personnelles et familiales avec l’analyse historique confère au récit une dimension humaine poignante et renforce la puissance du message. Khalidi parvient à déconstruire les mythes fondateurs du sionisme et à mettre en lumière la réalité vécue par les Palestiniens, offrant ainsi une perspective essentielle trop souvent absente des récits dominants.

La résonance politique et historique de The Hundred Years’ War on Palestine est immense. Ce livre est crucial pour comprendre les racines profondes du conflit israélo-palestinien et sa persistance jusqu’à aujourd’hui. En plaçant cette lutte dans le contexte plus large des luttes décoloniales, Khalidi invite à une réflexion globale sur les dynamiques de pouvoir, la justice et le droit à l’autodétermination. Dans un contexte mondial marqué par la résurgence de mouvements de résistance et la remise en question des héritages coloniaux, cet ouvrage offre un éclairage indispensable pour quiconque cherche à comprendre les enjeux contemporains au Moyen-Orient et au-delà.

En conclusion personnelle, je recommanderais vivement ce livre à toute personne désireuse d’acquérir une compréhension nuancée et historiquement fondée de la question palestinienne. Il est essentiel pour déconstruire les récits simplistes et souvent partisans, et pour entendre une voix palestinienne trop longtemps marginalisée. Bien que l’histoire racontée soit souvent douloureuse, elle est d’une importance capitale pour saisir les complexités du présent et imaginer un avenir de justice et de paix.

Informations pratiques :

  • Titre original : The Hundred Years’ War on Palestine: A History of Settler Colonialism and Resistance, 1917–2017
  • Auteur : Rashid Khalidi
  • Année de publication : 2020
  • Langue : Anglais
  • Éditeur : Metropolitan Books / Profile
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The General’s Son https://cine4palestine.ch/how-to-find-your-own-style-2/ Sat, 18 Jun 2016 11:04:01 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1079 Briser les silences, révéler les vérités : Une analyse engagée de « The General’s Son » de Miko Peled

Présentation de l’auteur : Un itinéraire de la conscience au cœur du conflit

Miko Peled, né en 1961 à Jérusalem au sein d’une famille sioniste influente, a connu une trajectoire intellectuelle et militante des plus remarquables. Son grand-père, Avraham Katsnelson, fut signataire de la Déclaration d’indépendance d’Israël, et son père, Mattityahu Peled, fut un général durant la guerre de 1967, une période marquée par la conquête de la Cisjordanie, de Gaza, du Golan et du Sinaï par Israël. Cette immersion précoce dans le sionisme dominant a initialement façonné son identité. Cependant, une compréhension approfondie de la réalité sur le terrain palestinien l’a conduit à un rejet du sionisme et à la déconstruction des « mythes que les Juifs du monde entier tiennent avec une loyauté aveugle comme leur histoire fondatrice ». Activiste infatigable pour la paix, auteur des ouvrages « The General’s Son: Journey of an Israeli in Palestine » (2012) et « Injustice: The Story of the Holy Land Foundation Five » (2017), et conférencier international, Peled plaide aujourd’hui avec force pour une seule démocratie avec des droits égaux pour Israéliens et Palestiniens dans toute la Palestine historique. Son point de vue, profondément informé par son histoire personnelle et son engagement sur le terrain, offre une perspective critique essentielle sur le conflit israélo-palestinien.

Résumé du livre : Une remise en question intime et poignante

« The General’s Son » retrace le parcours profondément personnel de Miko Peled, d’une enfance bercée par les récits fondateurs du sionisme à une prise de conscience aiguë de l’injustice subie par le peuple palestinien. Le livre explore son éducation au sein d’une famille de l’élite politique et militaire israélienne, son service militaire, et les événements personnels, notamment le meurtre de sa nièce en 1997, qui ont catalysé sa transformation. Peled remet en question les narrations historiques dominantes et offre une perspective israélienne critique sur l’occupation, plaidant pour une solution basée sur l’égalité et la justice pour tous. À travers ses souvenirs et ses réflexions, il invite le lecteur à une compréhension plus nuancée et humaine du conflit.

Thèmes principaux : Exil, occupation, déconstruction des récits, quête de justice et mémoire

Plusieurs thèmes centraux traversent « The General’s Son ». L’exil est présent en filigrane à travers le récit du déplacement et de la dépossession des Palestiniens, un fait historique que Peled en vient à reconnaître et à dénoncer. L’occupation constitue le cœur du livre, explorée non seulement comme une réalité politique et militaire, mais aussi dans ses implications humaines et morales profondes. Un thème essentiel est la déconstruction des récits sionistes traditionnels, que Peled entreprend en confrontant son éducation à la réalité vécue par les Palestiniens et aux travaux d’historiens critiques. La quête de justice anime son engagement et son plaidoyer pour une solution équitable. Enfin, la mémoire, à la fois personnelle (ses souvenirs familiaux) et collective (l’histoire palestinienne occultée), joue un rôle crucial dans son cheminement et dans le message qu’il transmet.

Analyse critique : Une voix puissante au service de la vérité

Le style d’écriture de Miko Peled est accessible et profondément personnel, rendant son récit à la fois poignant et engageant. La construction du livre, alternant entre ses souvenirs d’enfance et son éveil progressif à la réalité de l’occupation, permet au lecteur de suivre son cheminement intellectuel et émotionnel. La puissance des messages réside dans sa capacité à remettre en question les vérités établies de l’intérieur même de la société israélienne. Son témoignage direct et sans concession, appuyé par une connaissance intime du contexte, confère une force particulière à sa critique de la politique israélienne et à son plaidoyer pour les droits des Palestiniens. Le livre parvient à humaniser les deux côtés du conflit tout en dénonçant clairement l’injustice structurelle de l’occupation.

Résonance politique ou historique : Un éclairage crucial sur le contexte palestinien et mondial

« The General’s Son » revêt une importance politique et historique considérable. Dans le contexte palestinien, il offre une perspective israélienne dissidente qui brise le silence et conteste la narration dominante. En mettant en lumière la réalité de l’occupation et en dénonçant ce qu’il considère comme un régime d’apartheid, Peled contribue à une prise de conscience essentielle. Son plaidoyer pour une solution à un seul État démocratique avec des droits égaux pour tous alimente un débat crucial sur l’avenir de la région. À l’échelle mondiale, le livre résonne avec les luttes décoloniales et les mouvements pour la justice sociale. Il interroge les notions de vérité historique, de responsabilité collective et de la possibilité d’une transformation personnelle et politique face à l’injustice.

Conclusion : Un livre essentiel pour ouvrir les yeux

Je recommande vivement « The General’s Son » à toute personne intéressée par une compréhension approfondie et nuancée du conflit israélo-palestinien, aux lecteurs engagés dans les luttes décoloniales, et à ceux qui cherchent des témoignages de transformation personnelle face à l’injustice. Le livre de Miko Peled offre une perspective unique et courageuse, remet en question les idées reçues et encourage à une réflexion critique sur l’histoire et la politique de la région. C’est un outil pédagogique précieux pour déconstruire les récits biaisés et entendre une voix israélienne engagée pour la justice et l’égalité en Palestine.

Informations pratiques :

  • Titre original : The General’s Son: Journey of an Israeli in Palestine
  • Auteur : Miko Peled
  • Année de publication : 2012
  • Langue : Anglais
  • Éditeur : Just World Books
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The Ethnic Cleansing Of Palestine https://cine4palestine.ch/the-perfection-of-movement/ Sat, 18 Jun 2016 10:59:53 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1077 « 1948 : Quand la Palestine fut « nettoyée » : Une analyse critique du chef-d’œuvre d’Ilan Pappé »

Présentation de l’auteur

Ilan Pappé est un historien israélien, figure éminente des « Nouveaux Historiens ». Ce courant historiographique israélien a émergé dans les années 1980, remettant en question les récits officiels de la création d’Israël, notamment en ce qui concerne le sort des Palestiniens en 1948. Professeur à l’Université d’Exeter, Pappé est connu pour son engagement en faveur des droits des Palestiniens et son point de vue critique sur l’histoire et la politique israéliennes. Son travail, souvent qualifié de « polémique », vise à déconstruire les mythes fondateurs d’Israël et à mettre en lumière la dimension de nettoyage ethnique dans la création de l’État. À travers l’analyse de documents israéliens officiels, d’archives palestiniennes et de notes de dirigeants israéliens, Pappé cherche à offrir une perspective alternative et à remplacer le paradigme de la guerre par celui du nettoyage ethnique pour comprendre les événements de 1948.

Résumé du livre

Le Nettoyage ethnique de la Palestine soutient que l’expulsion et la fuite des Palestiniens en 1948 n’étaient pas un résultat accidentel de la guerre, mais bien un objectif central et planifié du mouvement sioniste. Selon Pappé, sous la direction de David Ben-Gourion et d’un groupe de conseillers, un plan d’épuration systématique a été mis en œuvre, entraînant la destruction d’environ 500 villages arabes et des attaques terroristes contre la population civile. Le livre met en évidence le Plan Dalet et les « dossiers des villages » comme preuves de ces expulsions préméditées. L’auteur insiste sur le fait que la création d’un État juif avec une majorité démographique juive nécessitait l’éloignement du plus grand nombre possible de Palestiniens.

Thèmes principaux

Nettoyage ethnique : C’est le thème central du livre, Pappé argumentant que les événements de 1948 constituent un cas de nettoyage ethnique délibéré. Il s’appuie sur la définition du Département d’État américain pour étayer son analyse.

Expulsion et déplacement : Le livre documente l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leurs foyers et la destruction de leurs villages. Pappé souligne que ce déplacement était planifié et exécuté par les forces sionistes.

Plan Dalet : Ce plan militaire de la Haganah est présenté comme la feuille de route de la politique d’expulsion des Palestiniens.

Rôle des dirigeants sionistes : Pappé met en lumière la motivation et les actions des dirigeants sionistes, notamment David Ben-Gourion, dans la mise en œuvre du nettoyage ethnique.

Déni historique : Le livre s’oppose au déni de la Nakba par l’historiographie israélienne traditionnelle. Pappé cherche à établir une vérité historique alternative basée sur des preuves documentaires.

Conséquences durables : Bien que le livre se concentre principalement sur 1948, il implique que les conséquences de ce nettoyage ethnique se poursuivent jusqu’à aujourd’hui, dans ce qui est parfois appelé la « Nakba continue ».

Narratives nationales : Le livre confronte le récit palestinien de la Nakba avec le récit israélien de la guerre d’indépendance. Il met en évidence l’impact traumatique de la Nakba sur l’identité palestinienne.

Analyse critique

Le style d’écriture de Pappé est direct et engagé, visant à interpeller le lecteur et à remettre en question les idées reçues. La construction du livre est chronologique, retraçant les événements qui ont conduit à l’expulsion des Palestiniens, région par région . La puissance des messages réside dans l’accumulation de détails et de témoignages qui soutiennent la thèse du nettoyage ethnique planifié. Cependant, le livre a suscité de vives réactions et des critiques. Benny Morris, lui-même un « Nouvel Historien », a qualifié Pappé d’historien « parmi les plus négligents du monde » ou « parmi les plus malhonnêtes », contestant la véracité de ses interprétations et l’accusant de distorsions. Morris rejette l’application du terme « nettoyage ethnique » aux événements de 1948, sauf peut-être partiellement pour des villes comme Lod et Ramle .

D’autres critiques, comme Jørgen Jensehaugen, reconnaissent la qualité de lecture du livre, mais remettent en question l’affirmation de Pappé selon laquelle l’expulsion des Palestiniens était la raison de la guerre, la considérant plutôt comme un aspect des différents plans de guerre . Ephraim Nimni salue le caractère polémique du livre mais argumente que les dirigeants sionistes n’étaient pas les seuls responsables du nettoyage ethnique, soulignant l’importance du contexte international . Néanmoins, des critiques comme celle d’Uri Ram dans le Middle East Journal soulignent l’importance et l’audace du livre, qui remet en question l’historiographie israélienne, la mémoire collective et la conscience israélienne . Ian Black du Guardian le décrit comme un « catalogue d’intimidation, d’expulsion et d’atrocité » .

Résonance politique ou historique

Le Nettoyage ethnique de la Palestine est un livre essentiel pour comprendre le contexte palestinien actuel. Il offre une perspective historique sur les origines du conflit israélo-palestinien et la question des réfugiés palestiniens, qui demeure centrale.. En insistant sur la dimension de nettoyage ethnique, Pappé met en lumière les injustices historiques subies par les Palestiniens et alimente le débat sur le droit au retour. Le concept de « Nakba continue »., qui suggère que les politiques de déplacement et de dépossession se poursuivent, donne une résonance contemporaine aux événements de 1948.. Le livre s’inscrit également dans un contexte plus large de luttes décoloniales et de réflexions sur l’impact du colonialisme de peuplement.. La comparaison implicite avec d’autres cas de nettoyage ethnique et de déplacements forcés rend le livre pertinent pour une compréhension globale des dynamiques de conflit et de dépossession à travers l’histoire.

Conclusion

Dans l’histoire, ce sont toujours les puissants qui écrivent les livres d’histoire. Ce sont eux qui dictent ce qui doit être retenu, quitte à cacher les atrocités qu’ils ont commises pour se blanchir et se présenter comme des héros.

L’histoire est écrite par les puissants, même quand ils effacent leurs crimes. ou Ceux qui tiennent la plume effacent souvent le sang.

Je recommande vivement Le Nettoyage ethnique de la Palestine à toute personne intéressée par une compréhension approfondie et critique du conflit israélo-palestinien, des luttes décoloniales et de la littérature engagée. Malgré les controverses qu’il suscite, ce livre offre une perspective indispensable qui remet en question les récits dominants et met en lumière une dimension souvent occultée de l’histoire de la création d’Israël. Il invite le lecteur à une réflexion essentielle sur la justice historique, la mémoire et les responsabilités politiques. Bien qu’il soit important de prendre en compte les critiques formulées à l’égard de l’ouvrage, sa lecture est cruciale pour saisir la complexité du passé et du présent de la Palestine.

Informations pratiques

Titre original : The Ethnic Cleansing of Palestine

Auteur : Ilan Pappé

Année de publication : 2006

Langue : Anglais

Éditeur : Oneworld Publications

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Genocide Bad https://cine4palestine.ch/green-is-the-new-black/ Sat, 18 Jun 2016 10:56:31 +0000 https://cine4palestine.ch/?p=1074 Un cri antisioniste pour une libération collective – Analyse engagée d’un livre essentiel

Sim Kern, de la marge militante à la plume incisive contre la désinformation.

Présentation de l’auteur : Sim Kern est une autrice USA Today Bestselling et une figure marquante de l’activisme juif antisioniste. Initialement connue comme journaliste environnementale et influenceuse littéraire avec une large audience sur les réseaux sociaux, Kern a gagné une reconnaissance internationale après le 7 octobre 2023 en partageant du contenu éducatif sur la Palestine, encourageant la lecture d’ouvrages palestiniens et questionnant les récits occidentaux. Malgré les réactions haineuses et l’ostracisation de la communauté juive sioniste, Kern a maintenu son engagement, levant des fonds considérables pour l’aide directe à Gaza. Leur livre, Genocide Bad, s’inscrit dans ce contexte d’activisme engagé, mêlant réflexions personnelles et analyse historique. Leur point de vue est clairement antisioniste, visant à démanteler la propagande et à plaider pour une libération collective.

Résumé du livre : Genocide Bad est un ouvrage percutant qui combine mémoire activiste et cours accéléré sur l’histoire juive et palestinienne. En dix essais sans concession, Kern démontèle la propagande sioniste et propose une voie vers la libération collective. L’autrice établit des liens entre des promesses bibliques et la réalité de l’apartheid moderne, tissant une vaste histoire de l’impérialisme avec un mélange caractéristique de recherche approfondie, de références à la pop culture et d’un humour mordant. Kern y explore les expériences personnelles qui les ont mené à l’antisionisme, tout en développant le contenu éducatif partagé en ligne.

Thèmes principaux : Genocide Bad aborde des thèmes cruciaux et interconnectés :

L’importance de l’éducation et de la remise en question des récits dominants. 

L’antisionisme comme position éthique et politique.

La déconstruction de la propagande sioniste à travers l’analyse historique et l’expérience personnelle.

L’histoire partagée et conflictuelle entre Juifs et Palestiniens.

La mémoire des génocides passés et présents, et la nécessité de les comparer pour comprendre les dynamiques de pouvoir.

La notion de “deference politics” (politique de déférence) et son utilisation pour instrumentaliser les identités et diviser la gauche.

La critique du “pinkwashing” israélien, qui utilise les droits LGBTQ+ pour masquer l’occupation et l’apartheid.

L’appel à la libération collective, dépassant les clivages identitaires pour une justice globale.

La solidarité avec le peuple palestinien et l’amplification de ses voix.

Analyse critique : Le style d’écriture de Kern est direct, accessible et souvent empreint d’un humour noir et sarcastique. Cette approche rend des sujets complexes et douloureux plus abordables pour un large public. La construction du livre, en dix essais thématiques, permet une exploration approfondie de différents aspects de la question palestinienne et du militantisme antisioniste. La puissance des messages réside dans le mélange réussi d’anecdotes personnelles poignantes et d’une recherche rigoureuse. Kern n’hésite pas à confronter les horreurs du génocide, tout en insufflant un espoir basé sur la résistance et le courage.

Cependant, il est important de noter que certaines opinions exprimées par Kern, notamment concernant la théorie Khazar, ont suscité des critiques au sein de communautés juives antisionistes. Certains estiment que ces théories manquent de nuance et peuvent être perçues comme antisémites. Il est donc conseillé au lecteur d’aborder ces passages avec un esprit critique et de se référer à d’autres sources pour une compréhension complète de ces débats. Malgré ces points de discussion, la critique globale salue l’audace et l’engagement du livre dans sa dénonciation du sionisme.

Résonance politique ou historique : Genocide Bad est un livre d’une pertinence cruciale dans le contexte palestinien actuel et pour les luttes décoloniales mondiales. Il offre une perspective antisioniste juive qui déconstruit les narrations biaisées et met en lumière la réalité de l’occupation, de l’apartheid et du nettoyage ethnique. En encourageant la lecture d’auteurs palestiniens et l’apprentissage de l’histoire palestinienne, le livre participe à rendre visibles les voix palestiniennes trop souvent réduites au silence. Son analyse de la “deference politics” éclaire les mécanismes par lesquels les identités peuvent être instrumentalisées pour freiner la solidarité et maintenir le statu quo. Dans un monde où la désinformation et la propagande sur le conflit israélo-palestinien sont omniprésentes, Genocide Bad se positionne comme un outil essentiel pour développer un esprit critique et un engagement informé.

Conclusion : Je recommande vivement Genocide Bad à toute personne intéressée par la Palestine, les luttes décoloniales, l’histoire du sionisme et l’activisme engagé. Le livre offre une perspective audacieuse et nécessaire, stimulant la réflexion et encourageant à dépasser les récits simplistes et partisans. Malgré certaines controverses autour de théories spécifiques, la force du livre réside dans son appel à la solidarité, à la justice et à une libération collective, enraciné dans une compréhension critique de l’histoire et des dynamiques de pouvoir. C’est une lecture accessible, informative et profondément humaine, qui ne laissera pas le lecteur indifférent.

Informations pratiques :

  • Titre original : Genocide Bad: Notes on Palestine, Jewish History, and Collective Liberation
  • Auteur : Sim Kern
  • Année de publication : 2025 (publication initialement prévue en mars, puis avril)
  • Langue : Anglais [aucune mention explicite dans les sources, mais le titre et les extraits sont en anglais]
  • Éditeur : Interlink Books (distribué par Simon & Schuster)
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